Les manoeuvres de MALIKI

Alors que l’examen du SOFA par le Parlement irakien se poursuit (aucun accord n’est attendu avant l’élection présidentielle américaine), le gouvernement poursuit ses tentatives de réduire ses potentiels adversaires, tout en présentant le tout comme une oeuvre pie dans la consolidation de l’Etat central (même si il est hors de doute que le PM MALIKI identifie sa cause avec cette croyance).

Ainsi, les arrestations ciblées effectuées contre les leaders miliciens sunnites s’intensifient dans la province de DIYALA, en dépit des tentatives de l’assemblée provinciale pour soutenir les « Fils de l’Irak ».

De la même manière, un reportage du Washington Post insiste sur la lente désagrégation des partisans de Moqtada SADR dans Bagdad, sous les coups des arrestations et des assassinats.

L’image d’Obama

Comme l’illustrent les questions posées par les lecteurs du Monde à Bertrand BADIE (tout le monde n’aime pas dans le monde des « RI », mais je trouve que cela sort des visions réalistes ou critiques que l’on voit chez les spécialistes français), les préjugés sur la politique étrangère que suivrait Barack OBAMA en cas d’élection sont très instructifs:

-amalgame hégémonie/néoconservatisme/unilatéralisme

-irénisme sur l’Irak et l’Afghanistan (OBAMA prétend même aller porter la guerre au Pakistan, ce qui ravale « W » à un rang plus modeste dans le rôle de « faiseur de bazar »)

-incompréhensions sur la vision que les élites politiques (dont OBAMA est un parfait exemple, en dépit des aspects extérieurs) ont sur la politique étrangère des Etats-Unis.

Bref, ces éléments nous en apprennent autant, sinon plus, sur la vision française de la politique américaine que sur ladite politique….

En revanche, Bertrand BADIE (qui intervient aussi sur La Croix de ce jour) donne une analyse intéressante sur la fin des « hiérarchies de puissance » sous-entendues (et entretenues) par le système Westphalien. Dans ce cadre, il serait intéressant de penser en quoi la « contre-insurrection » est le produit de cet état de fait. Non pas dans le sens où il y aurait une « insurrection » contre « l’hégémonie », mais dans le sens où la lutte contre la violence politique serait lue comme une forme de « police globale » diffuse. Cela pose en effet le problème de la « COIN » en tant que stratégie militaire: quelle fin sert-elle? Plus profondément, on peut se demander si la construction de la « contre-insurrection » ne répond pas davantage aux angoisses des militaires eux-mêmes depuis la fin de la « guerre froide »: rappelons-nous que la question lancinante est celle de l’utilité de la force.

conflits de pouvoir et légitimité à ANBAR

Je signale en passant un excellent article du Washington Post sur le Cheik Jassim AL SWEIDAWI, qui « règne » notamment sur la partie orientale de la capitale provinciale de RAMADI et les campagnes environnantes.

En effet, le cheik JASSIM est l’un de ses leaders -dont le passé est trouble puisque certains le soupçonnent d’avoir organisé le pillage et le rançonnement systématique des usagers de l’autoroute 10 en 20004-2006- qui organise les nouvelles relations de pouvoir au sein de plusieurs tribus d’ANBAR.

Sa légitimité tient à deux facteurs: sa capacité à se faire craindre de ses ennemis et de la population, ce qui en fait le « chef coutumier » au-delà des administrations « modernes » (c’est à dire « étatiques ») du pays; mais surtout le soutien des forces américaines qui ont accepté de le soutenir au début de l’année 2007 lorsque le cheik a proposé de combattre et d’éradiquer AQI, coupable de faire obstacle à son « commerce » et qui avait lancé une campagne de meurtre et d’intimidation contre lui. Après le mort de sept membres de sa famille, il a donc profité des nouvelles initiatives américaines de collaborer avec des responsables locaux, pour demander un soutien financier et matériel, promettant d’extirper AQI. L’occasion de rappeler que cette alliance, comme tant d’autres dans cette province, a été nouée aux plus bas échelons et a été le facteur déterminant dans l’éradication et la désagrégation de la structure jihadiste. En effet, le basculement des responsables locaux, et des milices qu’ils avaient constitué à la fois contre AQI et les Américains en vue de pérenniser leurs « affaires », a permis de dénier aux « extrémistes » l’usage de la rue et de la population de la ville. (note: ce qui ne signifie pas que les tactiques des Américains -notamment à partir du « sursaut »- n’aient joué aucun rôle. Ainsi, il fallait également « protéger les populations », c’est à dire aussi ces groupes alliés et leurs responsables, en s’installant en leur coeur après y avoir chassé les structures émergées de l’organisation « terroriste »).

Le plus intéressant tient aux bouleversements sociaux et politiques que cela a entraîné. En effet, le cheik JASSIM AL SWEIDAWI n’aurait jamais du être le chef de la tribu des SWEIDAWI. Mais il a bénéficié à la fois du soutien des Américains et de la timidité du successeur officiel pour s’imposer au sein du groupe tribal et, plus largement, au sein des alliances tribales, dont le fameux Conseil pour le Salut d’Anbar, créé en septembre 2006 par le cheik SATTAR ABU RISHA que Bing WEST décrit comme un « héros irakien » (alors que son parcours semble identique à celui de SWEIDAWI).

La « contre-insurrection » n’est donc pas seulement une pratique « neutre » visant à neutraliser, éradiquer ou délégitimer une organisation « insurgée », mais elle consiste aussi en un ensemble de pratiques qui transforment les sociétés dont les populations doivent être « retournées » ou « séparées » des insurgés. L’histoire du cheik JASSIM nous montre une réalité qui dépasse la rhétorique de la doctrine militaire: la séparation entre « insurgés » et « population » est largement un mythe….

Qui persécute les Chrétiens d’Irak (suite)?

Excellente analyse de Azzaman (que je classerais comme « critique » vis à vis de la présence américaine en Irak, pour ne pas dire plus) sur les auteurs présumés des attaques contre les Chrétiens de MOSSOUL.

Rappelons que, depuis quelques semaines, plusieurs milliers de chrétiens ont été forcés à l’exil et une dizaine sont morts lors d’attaques portées contre les communautés des Assyriens, des Assyro-Chaldéens et autres dénominations complexes de la « nébuleuse » chrétienne en Irak, dont je rappelle qu’il s’agit d’une des plus vieille communauté chrétienne au monde.

Depuis lundi, les forces irakiennes ont déployés des dizaine de milliers de policiers supplémentaires afin de protéger les Chrétiens, sans succès pour le moment.

L’article explore la possibilité que les Chrétiens soient les victimes de la stratégie kurde visant à les exclure de la rive gauche du Tigre, où les Peshmergas se sont installés dès 2003.

Un autre facteur tiendrait à la polarisation croissante des ethnies musulmanes vis à vis de ces communautés considérées comme proches des Américains et des Occidentaux, d’autant que les Evangéliques américains auraient entrepris la conversion de certaines communautés (rappelons que les Chrétiens d’Irak, de rite orientaux et de langue liturgique arabe, reconnaissent pour la plupart l’autorité du Pape).

Quoiqu’il en soit, il est intéressant aussi de considérer les discours et les pratiques visant à exclure les Chrétiens d’une population où ils étaient, depuis des millénaires, bien intégrés, avec des épisodes ponctuels de rejet il est vrai. En « construisant » la proximité réelle ou supposée entre l’appartenance confessionnelle et le monde extérieur « occidental », « romain » ou « américain », les discours ont ainsi établi une équation qui conduit à un rejet dramatique. Les Américains ne sont pas exempts de tout reproche dans ce processus, comme l’illustre le cas du prosélytisme des Protestants Evangéliques cité plus haut. Les Chrétiens seraient ainsi victimes à la fois de leur morcellement en multiples communautés, mais aussi de l’ambition kurde de « sécuriser » (ou « sécuritiser » Mossoul), ainsi que de la polarisation Chrétiens/Musulmans résultant des discours de la « guerre au terrorisme ».

SOFA reloaded?

Le porte-parole du gouvernement irakien vient d’annoncer qu’un amendement au projet d’Accord sur le Statut des Forces (SOFA) américaines en Irak serait nécessaire pour espérer le vote positif de l’Assemblée Nationale sur ce texte.

L’amendement du texte, sans qu’il soit précisé lequel d’ailleurs, pourrait conduire à une impuissance de facto des troupes américaines en Irak, du fait de l’autonomie encore incomplète des forces de sécurité irakiennes. Illustrant l’avertissement que donnait sur ce sujet l’Amiral MULLEN, président du Comité des Chefs d’Etat-major, depuis la Lettonie, des affrontements entre tribus auraient éclaté dans la province de BABIL/BABYLONE, alors que les Irakiens doivent prendre la relève des Américains demain.

L’argument invoqué par le PM MALIKI est apparemment nationaliste: il craint en effet que l’accord ne donne la possibilité aux forces américaines de négocier une présence au-delà du délai de 2011.

Mais, il semble bien qu’il faille y voir une tentative supplémentaire de faire pression sur les Américains et de sécuriser l’adhésion d’une base politique la plus large possible, rassemblant les Sunnites « traditionnels » (actuellement seuls représentants des Sunnites à l’Assemblée Nationale suite au boycott massif des élections d’octobre 2005 par ces derniers) aussi bien que le bloc « sadriste ».

Ironiquement, un chercheur irakien aurait publié un rapport préconisant une acceptation de l’accord par le gouvernement irakien avant les élections américaines. En effet, les termes de celui-ci -en tant qu’ils restreignent l’autonomie des forces américaines aux décisions d’une commission conjointe EU/Irak- seraient une opportunité historique qui risquerait de ne plus se présenter avec le successeur de Georges BUSH.

MALIKI: nationaliste ou communautariste?

Il est intéressant de poser la question, à l’heure où les négociations sur le SOFA conduisent à donner davantage d’influence et de stature politique au Premier Ministre irakien.

En réalité, il nous semble bien qu’il faille répondre à cette alternative en la dépassant: si le discours manie une rhétorique nationaliste, la pratique est bien souvent communautariste.

Me servant des analyses toujours fines et pertinentes de Reidar VEISSER, je propose ma propre synthèse sur le sujet.

Un discours nationaliste:

Le SOFA illustre parfaitement la logique nationaliste qui sous-tend les discours et la posture de Nouri Al-Maliki. En effet, le traité, si il devait être accepté, consacrerait la réalisation d’une politique visant à donner à l’Irak une position internationale d’Etat souverain. De fait, il s’agit d’un traité bilatéral qui permettrait d’effacer le « stigmate » du Chapitre VII de la Charte des Nations-Unies (en l’occurrence, la résolution 1483 datant de juillet 2003).

Mais, au-delà d’une réflexion visant à redonner un statut juridique plein et entier au pays qu’il est censé diriger, la posture de MALIKI -intransigeance sur la date de retrait, sur les conditions de l’immunité des troupes américaines, sur la coordination irakienne des opérations de sécurité intérieure- semble surtout chercher à mobiliser le sentiment nationaliste, dont on a vu qu’il était vigoureux tant chez les adversaires chiites du PM (SADR par exemple) que chez les Sunnites. En d’autre terme, le PM cherche à devenir « l’homme fort » de tout les Irakiens en mobilisant une identité nationale mise à mal par 5 années de présence américaine (ou, pour mieux dire, en dépit de cette présence).

Instrumentaliser les Américains:

Mais le plus intéressant réside surtout dans les conditions de ce traité. En aucune manière il ne s’agit du cadre stratégique global de relations bilatérales que cherchait l’administration BUSH au début de l’année.

Ainsi, le SOFA conduirait presque immanquablement à confiner les troupes américaines dans des « super-bases » en dehors des villes, limitant leur rôle à l’assistance technique et militaire qui semble si chère à certains partisans de la contre-insurrection au sein des forces armées. Les conseillers militaires américains seraient donc ainsi les garants de la poursuite de la formation et de la montée en puissance des forces armées irakiennes, dont on a vu combien elles sont importantes pour le PM. Son parti, le DAWA, ne dispose en effet d’aucune milice, face à ses concurrents du Conseil Suprême Islamique (Badr Corps) et de Moqtada SADR (les JAM).

C’est ainsi que je propose de comprendre les conditions délimitant les compétences des tribunaux irakiens et des tribunaux américains concernant les personnels civils et militaires américains. Il s’agit de forcer les conditions qui conduiront de facto à limiter l’emprise américaine sur les opérations militaires. On a vu ainsi comment la pression gouvernementale a réduit puis éliminé la présence britannique à BASSORAH, avant que les forces gouvernementales ne prennent d’assaut la ville devenue un lieu de compétition et de ressources du pouvoir pour les adversaires du PM.

S’assurer une base large:

Par ailleurs, tout indique que MALIKI entend détourner à son profit les mécanismes formels de réconciliation mis en place au cours de l’année 2007, et notamment les Conseils de Soutien Provinciaux. Après les tentatives de court-circuiter le Conseil Provincial de DIYALA -aux mains d’une alliance entre le Conseil Suprême Islamique et les tribus sunnites- c’est au tour des provinces méridionales de DHI QAR et MAYSAN de faire l’objet des tentatives de récupération politique du PM. En tentant de contrôler les cheiks locaux via les Conseils de Soutien, il s’agit de se constituer une « clientèle » stable, à la manière des Américains dans le « Triangle Sunnite », face aux  concurrents chiites.

Ceux-ci se voient d’ailleurs doublés dans leurs discours traditionnels. La condition menant au retrait des forces américaines des villes à l’été prochain est une reprise des demandes de SADR dès 2003. Le Conseil Suprême Islamique est concurrencé quant à lui sur le problème du soutien iranien. En effet, MALIKI voit bien comment le soutien de l’Iran face aux Etats-Unis lui permet d’instrumentaliser ces deux puissances l’une contre l’autre, et ainsi de conduire à une possible semi-autonomie une fois les Américains partis.

Les visées communautaristes:

Celles-ci semblent obscurcies par la dynamique nationaliste. Au premier abord en effet, il semble que le PM s’est construit une image de « rassembleur » face aux séparatismes de tout poil: limiter l’ambition des Kurdes sur KHANAQIN, empêcher l’émergence de milices sunnites propres à morceler l’Irak, contrer les visées fédéralistes du Conseil Suprême Islamique.

Cependant, on constate combien MALIKI ne semble pas concerné par les véritables enjeux d’une réconciliation nationale: le partage des revenus pétroliers (qui sont aujourd’hui détournés au profit de quelques entrepreneurs politiques, au détriment de la reconstruction du tissu socio-économique, aujourd’hui financée par le contribuable américain via les fonds utilisés par les militaires américains et les Equipes Provinciales de Reconstruction), l’intégration des milices sunnites au sein de forces de police véritablement nationales, l’équilibre du pouvoir -notamment sur les problèmes de sécurité- entre le gouvernement central et les provinces.

On peut donc conclure que, si certains hommes politiques et militaires américains sont persuadés de la « bienveillance » de Nouri AL MALIKI, il faut plutôt comprendre son action comme la mobilisation de toutes les ressources de pouvoir disponible à son profit, visant au double contrôle de l’Irak et de l’identité chiite.

La main de l’Iran

Dernier petit point avant le week-end (plein de lecture en perspective ce soir, et rien demain, of course!): le Combatting Terrorism Center (CTC) de l’Académie militaire des Etats-Unis (West Point) vient de rendre public un rapport sur la formation de certains « groupes spéciaux » chiites par les services spéciaux iraniens.

Recoupant des informations extraites d’interrogatoires de miliciens « extrémistes chiites », des données statistiques sur les caches d’armes découvertes avec du matériel iranien, et des informations datant de Saddam Hussein, ce rapport intervient alors même que les avis pessimistes sur le projet SOFA se multiplient.

Ce rapport, qui présente ses conclusions avec beaucoup de prudence eu égard à sa méthodologie (et à la fiabilité relative de ses sources), coïncide avec le possible retour des « groupes spéciaux » après les opérations menées le printemps dernier par les militaires irakiens et les forces spéciales américaines. Il donne également du grain à moudre aux partisans d’une action possible contre l’Iran (alors que la Maison Blanche est relativement calme sur le sujet). Or, il faut noter au contraire que, comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, la politique actuelle de la diplomatie américaine (et pas forcément des militaires) soutient des éléments pro-iraniens, dont peut-être le PM MALIKI. Ce dernier est d’ailleurs en froid avec le général ODIERNO depuis que ce dernier a accusé l’Iran de corrompre les négociateurs irakiens du SOFA.

Counterinsurgency and the Colonial Legacy (a necessary reprint)

I’ve already expressed the view on this blog that Counterinsurgency (COIN), as a military practice, is contingent and results from social construction.

This is not to say that the paradigm of « war amongst the people » (to use General Sir Rupert SMITH’s terminology) is only contingent and socially constructed. On the contrary, it is important to distinguish between the context, which comprises objective as well as subjective facts, and military’s perception of it, which borrows cognitive as well as sociological process to construct mission and role… and military practices. It is so very important to avoid any « reification » of COIN in order to understand true issues that are at stake in today’s conflicts/confrontations like one in Iraq, Afghanistan or the broader « long war ».

COIN, and especially its main premise (i.e. the imperative of « winning hearts and minds » in order to separate insurgents from the populace), results from such an interpretation of the actual context. I’d like to explain it through four considerations.

1) The following are free adaptation and cross-fertilization between Christian OLSSON’s findings and mine’. COIN practices and Knowledge are not unhistorical given, but can be rooted in the various and dispersed experiences of Western armies in colonial and postcolonial ages. Such knowledge and know-how fall into :

  • two principles: neutralize insurgents either/or control political representations and allegiances from the people. (It depends whether the context is one of guerilla/colonial conquest or one of « liberation »/popular war).
  • four practices: eliminate insurgents groups, dissuade and deter population to cooperate with insurgents, legitimize counterinsurgents/loyalists actions, avoid insurgents to embed amongst the populace.

2) Such practices and knowledge have structural similarities with current US practices in Iraq and Afghanistan. Several instances of it are:

-indigenous forces and tribal alliances to eliminate insurgents

-population control by biometrics data and Geospatial Intelligence.

-Combat Outposts to avoid infiltration by insurgents.

-humanitarian action and civil affairs to legitimize the presence and actions of counterinsurgents forces (EPRT or Embedded Provincial Reconstruction Teams can thus be seen as heirs to CORDS in Vietnam or Section Administrative Spéciales in Algeria)

Of course, these practices are adapted to actual norms. For instance, population control cannot be achieved through « strategic hamlet » (the closer form of it would be concrete barriers in Baghdad Neighborhood….)

Furthermore, these similarities are conscious and even claimed by their proponents. Debates in and among the services focused on « lessons learned » from colonial and postcolonial era, and many contemporary thinkers, who have gathered the dispersed knowledge in their time, are considered like gurus for COIN-pundits.

3)But this is not to say that US military « learnt » COIN again, as if History could repeat itself through different contexts. This would be more accurate to consider theses knowledge and practices to be an « actualization » of informal doctrines and practices that lies in the services‘ institutional memory. Such informal doctrines have been either marginalized (as in the Army through the « subculture » of Special Forces performing « LIC » or « FID ») or considered a lesser part of the main culture (as in the Marines Corps). More importantly, contingencies in the 1990s have institutionalized many « stabilization » practices that are very close to COIN (when they do not trace their origins in colonial practices of « pacification » or « imperial policing »). Last, but not least, western militaries became more and more convergent during the Cold War, with a normative isomorphism that eased the diffusion of knowledge and practices.

4) There are several issues that derives from the three considerations above.

-the first one is an institutional issue: regarding COIN, actual tensions and disputes in both the US Army and the US Marines reveals that competing narratives are in play to define the place theses practices (and of course, organization of forces, procurement programs and curriculum reforms that they deserve) can have in the essence and role of military institutions. Coalitions of individuals and networks struggles to define the identity of their service. Many (and especially the « top brass » because of bureaucratic interests that are in play in rivalries between services) don’t want to see Army and Marines to become different from what they have always known and what they have devoted their lives to. Others consider COIN to be a crucial know-how in order to confront « persistent conflict » or « hybrid wars ». For they fear the « system reboot » that could occur after Iraq.

-the second one is linked to academic and political considerations regarding the military role in an « international society » which is defining more and more norms to constrain sovereignty and States. COIN practices blur the traditional (albeit construct) distinction between internal security (Police) and external security (military). As the French term « Opérations Extérieures » can suggest, Western Interventions can be viewed as « constabulary » or « police » missions in foreign countries. This conception is formally expressed by general Vincent DESPORTES who considers Foreign countries (especially so-called « failed states ») to be part of an « outer ring » of National Security interests for many Western Countries. Nevertheless, such operations are often constrained by the critical issues of their legitimization. Christian OLSSON suggest this is especially true at the local level, because colonial era is no more, and it would be naive and dangerous to try to gain some legitimacy on such populations that have others allegiances. I would like to pursue his thinking by two other considerations. First, legitimacy must also be gained with the public opinion at home (for the same reason for which I consider colonialism to be infeasible today: anticolonialism is a very powerful norm that is profoundly internalized). Second, I observe US military in Iraq to have succeeded in gaining legitimacy at the local level. Even if one can dislike this term, young captains are seen like « viceroys » and have great difficulties to act in the name of the Government of Iraq. I would add that « Sons of Iraq » are such militia that denotes that US are ready to wage a « proxy COIN » through indigenous forces.

-the third issue is linked to the previous one: many of these practices can be linked to their object, i.e. the population, in order to control it. Christian OLSSON uses Foucauld’s genealogy of power (sovereign power, disciplinary power, « governmentability ») to explain the issue at stake here. Using the concept of Power in Foucauld’s work (power as relation rather than as a « fixed » attribute), OLSSON depicts population as both a subject of power (public opinion that is targeted in order to influence its perceptions and allegiances) and an object of power (that must be controlled). For OLSSON, COIN practices in Iraq (as well as in many contemporary « peacekeeping » or « nationbuilding » operations) are disciplinary ones that tends to control the population. I would add the following: control the population rather than to co-opt local power-broker. Indeed, even if OLSSON misses the point because he don’t see the current actions of US officers on the ground to « irakize » COIN, I think (one could disagree of course) he’s close to the truth because US military are not in « co-option » of local leaders, but between control and co-option.

SOFA (mise à jour)

Non, il ne s’agit pas de ce sympathique meuble pouvant servir à de multiples usages souvent plaisants et décontractants:

Mais plutôt de l’Accord sur le Statut des Forces américaines en Irak (Status of Force Agreement -SOFA) dont les négociations achoppent depuis des mois sur le problème de l’immunité des personnels civils et militaires du Département de la Défense déployés en Irak au regard des tribunaux et de la loi irakienne.

En effet, le 31 décembre verra la fin de la résolution de l’ONU faisant des Etats-Unis la « puissance occupante » dans le pays, statut qui permet de définir juridiquement les rapports entre les militaires américains (et d’ailleurs l’ensemble des personnels américains) vis à vis du nouveau gouvernement irakien depuis 2004.

Le 31 juillet avait été fixé comme date limite pour parvenir à un accord entre les deux gouvernements. Chacun a fait appel à des experts pour examiner les implications pour la souveraineté de l’Irak, notamment en s’appuyant sur les dizaines d’accords bilatéraux que les Etats-Unis ont signé dans ce sens (avec l’Allemagne, la Corée du Sud, le Japon, etc.).

Pourtant, à de nombreuses reprises, les équipes de négociateurs se sont séparées sans succès, entraînant de multiples recompositions desdites équipes. A la fin du mois de juillet, le Président BUSH avait fait un premier pas en annonçant que les troupes américaines devraient avoir achevé leur retrait total au 31 décembre 2011. Puis, au début du mois de septembre, un projet délimitant l’immunité du personnel du Département de la Défense aux seules bases ou, en dehors de celles-ci, pour les crimes et délits les moins graves, avaient été déjà signé. Il devait être présenté dans les 10 jours à l’Assemblée Irakienne.

Aujourd’hui, l’Associated Press confirme qu’un nouvel accord est intervenu sur un projet qui, au fond, ne règle pas vraiment le fond des choses. Plusieurs éléments y sont réaffirmés, comme la date du 31 décembre 2011 et le retrait des troupes américaines des agglomérations irakiennes pour la fin juin 2009. Le ressort des tribunaux irakiens concernant les militaires américains est limité -et encore pour certains cas graves- aux actions commises à l’extérieur des bases.

Il semblerait donc que les négociateurs est décidé de « renvoyer la balle » aux échelons supérieurs, à savoir l’Assemblée Nationale Irakienne et le Collège Présidentiel d’une part, et le Congrès d’autre part, voire la future administration des Etats-Unis.

Dans un article récent, le Washington Post envisageait même la possibilité que l’Administration BUSH demande une prolongation du statut actuellement en vigueur, ce qui ne satisferait au fond aucune des parties.

Certains se demandent si la position assez intransigeante de Nouri AL MALIKI sur le sujet serait simplement imputable à ses idées centralisatrices et nationalistes, ou bien si il ne faudrait pas y voir la main de l’Iran.

Selon certains officiels américains cités par cette dépêche (lesquels?), l’absence de tout accord avant le 31 décembre pourrait conduire à l’arrêt des opérations de combat et au confinement des troupes américaines dans les bases….

mise à jour:

Il semblerait que l’hypothèse soulevée plus haut sur une ingérence iranienne ne soit pas totalement infondée. En effet, l’absence d’accord sur une présence à long terme des forces américaines serait à l’avantage des pays limitrophes comme l’Iran ou la Syrie.

C’est ainsi qu’il faut comprendre par exemple les tergiversations portant non plus seulement sur l’immunité des militaires américains (qui pose problème aux Nationalistes), mais surtout sur l’araisonnement et le contrôle des navires américains accostant en Irak, point apparemment plus crucial aujourd’hui pour le PM MALIKI. En effet, derrière cette revendication du gouvernement irakien, il ne faut pas simplement voir une préoccupation sur la souveraineté, mais aussi la crainte de voir les Etats-Unis constituer l’Irak en base arrière, qui pourrait servir contre l’Iran, dont le PM MALIKI semble bien servir une partie des intérêts.

Mise à jour n°2: Herschell SMITH, auteur du Captain’s journal se pose de bonnes questions sur les termes de l’immunité qui serait accordée aux militaires américains. Le projet, d’ailleurs soutenu par le Secrétaire GATES et le Dr RICE, comprendrait une immunité partielle: celle-ci serait levée en cas de crimes commis hors des bases et hors du cadre des missions autorisées.  Ce qui présuppose donc que les troupes américaines ne seraient plus maîtres de leurs opérations, celles-ci étant décidées par une commission mixte Irakiens/Américains. Un autre problème: quid des opérations de « contre-insurrection » qui nécessitent d’autres missions que des missions « militaires »? On voit que de nombreux cas litigieux se présenteraient alors: pour les officiers ACM (action civilo-militaire) par exemple, ou lors des patrouilles qui, rappelons-le, représentent le coeur et l’âme des tâches accomplies par les Américains depuis 2003. Herschell SMITH en tire la conclusion que les militaires américains resteraient casernés (puisqu’ils sont censés quitter les villes à la fin du mois de juin 2009). Pire, l’opinion publique américaine, et les militaires eux-mêmes, pourraient craindre les procès menées par la justice irakienne contre des personnels américains ayant usé de la force dans des cas de légitime défense lors de missions « non autorisées » par ladite commission…

Mais ce qui apparaît normal à nombre d’entre nous (que des militaires étrangers dépendent aussi de la juridiction du pays « hôte ») reste problématique pour les Américains (qui n’acceptent pas la juridiction de la Cour Pénale Internationale et des TPI sur leurs ressortissants).

Qui est responsable des violences contre les Chrétiens de Mossoul?

Juste un billet rapide sur ce drame qui se déroule sous nos yeux. Hier, le contre-amiral DRISCOLL, un des porte-paroles de la Force Multinationale, a accusé AQI de ces exactions.

Or, l’organisation a nié, de même que les partis Kurdes ou les autres éléments qui pourraient être concernés. Selon le porte-parole du gouvernement irakien, AQI serait effectivement hors de cause.

Enfin, un imam chiite a appelé les Musulmans à protéger les Chrétiens menacés.

Dans ces conditions, la prudence reste de mise. D’autant que la province de NINIVE reste handicapée par cette géographie ethnique complexe, en partie due aux manipulations de Saddam HUSSEIN, lesquelles donnent lieu aujourd’hui à des luttes complexes. En dépit de la mort du responsable d’AQI pour la province septentrionale, la situation reste compliquée: l’armée irakienne a annoncé qu’une prochaine offensive aurait lieu contre les « extrémistes » dans la ville de Mossoul.

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