Remous politique en Irak

A la veille de Noël, le parlement irakien votait enfin une loi ratifiant l’accord sur le statut des forces étrangères non-américaines en Irak. Il s’agissait essentiellement de négocier la présence et surtout le retrait des forces de la « coalition des volontés » forgée en 2003 par les Etats-Unis et ayant fondu comme neige au soleil des guerres en Irak. Les Britanniques devraient retirer leurs 4 000 personnels d’ici le mois de mai. En juillet, plus aucune force étrangère ne devrait rester dans les villes irakiennes. Mais, comme l’annonçait ODIERNO à des journalistes occidentaux rencontrés au sein de la « Zone Verte », il reste encore à fixer les modalités de l’affaire. Apparemment, les commissions mixtes qui devraient régler les détails de l’accord restent à réunir. En effet, plusieurs enjeux restent à trancher: la participation des forces américaines aux opérations militaires, la définition exacte des différents statuts des militaires américains (notamment au regard de l’immunité très limitée qui sera la leur à partir du 1er janvier), le transfert du contrôle aérien et des transports aux Irakiens, le transfert progressif des différentes bases aux forces de sécurité irakiennes. Pour le moment, et selon les dires du Commandant de la Force Multinationale-Irak, seule la commission chargée de régler les détails du transfert de la « Zone Verte » semble composée. Pour le reste, certaines habitudes sont prises, comme le fait de demander un mandat à des juges irakiens avant d’effectuer les raids destinés à arrêter les insurgés présumés (où l’on voit que le renseignement est désormais une fonction qui marche bien). Comme je le disais dans le billet précédent, ODIERNO considère encore la situation comme « fragile » du fait de l’approche des élections provinciales: « militairement, les temps de transition sont critiques« .

On pourrait s’étonner que le deuxième SOFA ne soit voté que maintenant. En réalité, il semble bien que le responsable, selon les accusations de ses détracteurs, soit le président de l’Assemblée irakienne, le Sunnite Mahmoud AL-MASHDANI. Ce dernier est en effet connu pour son verbe haut, ses sautes d’humeur (qu’il explique par ses années passées dans les geoles de Saddam HUSSEIN), et ses discours fleuves qui sembleraient avoir eu tendance à reporter les votes importants. Le SOFA bis n’a donc été voté qu’une fois sa démission réclamée, votée et obtenue. Il faut noter que, bien que sunnite, le speaker -poste important car dépendant fortement du Premier Ministre- semble avoir été un homme de confiance de Nouri AL MALIKI. Celui-ci se fait d’ailleurs de plus en plus d’ennemis qui le voient comme un dictateur en puissance: arrestation puis libération de 24  officiels du ministère de la Défense sous l’accusation d’un complot contre lui, compromis sur le référendum de KIRKOUK et mobilisation du « récit arabe » contre les Kurdes dans cette ville, stratégie d’inscription locale de son pouvoir par les Conseil de Soutien tribaux face à ses rivaux puissants dans les assemblées provinciales (notamment le Conseil Suprême Islamique en Irak), centralisme affiché contre ces derniers (plutôt fédéralistes), instrumentalisation des Américains mal perçue par les « nationalistes » de SADR, etc… Les motifs ne manquent pas de se faire des ennemis, notamment au sein de l’Alliance Irakienne Unifiée qui contrôle le Parlement et dont son parti, le Dawa, est issu. Certains parlent même d’une volonté de ses rivaux au sein de l’Alliance de faire voter une mention de censure: en écartant le speaker, ils en ouvriraient l’opportunité… reste à savoir qui mettre à sa place. Signe des temps? Là où le PM a agité sans succès le spectre du coup d’Etat, ses adversaires utilisent les ressorts de la constitution.

2 réflexions sur “Remous politique en Irak

  1. Si les partis en présence utilisent les ressorts tortueux de la politique au lieu de la force pour imposer leur point de vue, cela sera un soulagement pour la population.

    Petite question, la MNF-I existera elle encore au 1er janvier ou changera t elle de nom vue que leur mandat se termine le 31 décembre ?

  2. Je pense qu’elle changera de nom… même si ce n’est pas immédiatement. Quoiqu’il en soit, le tournant symbolique que représente cette date du 1er janvier doit être nuancé car il faut attendre que les détails soient réglés.

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